jeudi 16 février 2017

J'écris mon roman en 5 mois - partie 3.3 : LE SYNOPSIS

On y est : le synopsis. Cachez votre joie, on ne dirait pas que vous approchez du but.
Le synopsis est souvent considéré comme le nec plus ultra du détail qui gâcha tout, mais envoyer son manuscrit aux éditeurs, c'est accepter de ne pas jouer la carte de la surprise à la fin.



Il existe en fait deux types de synopsis (ou deux fois plus de raisons d’en chier).


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Le synopsis de soumission

Synthétiser en fournissant à l'éditeur toutes les clefs de l'intrigue

Vous avez terminé, relu, corrigé, re-relu votre manuscrit, il est beau, il est prêt et n’attend qu’à finir sur les bureaux d’éditeurs. Encore une petite chose avant de vous emballer. Quand je dis petite chose, vraiment, croyez-moi, c’est trois fois rien. Blague à part. Le synopsis de soumission (ou comment flinguer style, effet de surprise et intrigue) vous pourrira la vie. Si tous les éditeurs ne l’exigent pas, certains ne jurent que par lui.
Comme pour le synopsis de travail, vous pouvez utiliser la méthode du flocon comme base (on y reviendra). En règle générale, le QQOQCP fonctionne plutôt bien aussi. Si votre roman ouvre une tri-quadri-penta-(plus ?)logie, une mise en contexte peut s’avérer utile (j’en reparle plus bas et ça aide pas mal aussi pour présenter les webséries (testé et approuvé !).


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L’idée d’un syno de soumission est de synthétiser en fournissant à l’éditeur toutes les clefs de l’intrigue :
  • n’omettez rien ;
  • allez à l’essentiel (ciblez les actions déterminantes) ;
  • concentrez-vous sur les personnages qui ont le plus à perdre (la méthode du flocon devrait vous y aider) ;
  • exit style et effet de surprise (je le répète pour que ça rentre bien : en tant que membre de comités de lecture, il m’arrive de lire de véritables horreurs) : « Par une belle après-midi d’août 1991... », vous oubliez. « Août 1991... » Point.
Pour l’instant, l’éditeur se moque de votre patte littéraire ; il veut savoir si l’histoire tient la route. Si tel est le cas, il se penchera sur votre manuscrit où vous vous êtes (normalement) paré(e) de votre plus belle écriture.

Par où commencer ?

Par le commencement pardi ! Basez-vous sur votre texte et suivez ses étapes. S’il commence avec Truc, n’attaquez pas le synopsis en parlant de Bidule.
Déterminez :
  • les protagonistes importants ;
  • les actions clés nécessaires à la compréhension de l’intrigue.
Le synopsis de soumission, c’est un peu Massacre à la tronçonneuseTaillez dans le gras. Il s’agit sans doute de l’étape la plus exaspérante/ingrate/chiante du processus, mais vous y verrez plus clair une fois le travail haché.

Le synopsis de travail

Quelle utilité ?

Le synopsis de travail sera votre boussole dans un labyrinthe d’idées. Si vous fonctionnez dans le bon sens, vous avez pris des notes avant de vous lancer. Vous connaissez au moins les grandes lignes de votre intrigue, vous savez de quoi vous partez et où vous arriverez (à peu près). Le cas échéant, mûrissez votre projet.
Le syno de travail ne s’adresse pas qu’aux apprentis écrivains ni aux aspirants. Loin s’en faut. Le jour où vous élaborerez une intrigue complexe, vous serez sans doute ravi(e) d’avoir bossé sur une base solide avant d’écrire et de perdre un temps fou en recherches/incohérences/autres joyeusetés interminables.
Vous l’aurez compris, cette étrange bestiole peut vous faire économiser des heures sur un travail qui finira à la poubelle, qui vous écœurera de l’écriture et vous donnera envie de fracasser votre crâne contre un mur. Plutôt que de foncer tête baissée, anticipez et employez votre énergie à une bonne préparation.

Par où commencer ?

C’est là qu’intervient la méthode du flocon dans toute sa splendeur.
Pour simplifier :

  • résumé ;
  • contexte de base/péripéties principales/dénouement ;
  • fiches personnages ;
  • développement du résumé en une page minimum : normalement, vous tenez là de quoi travailler votre syno de soumission (d’une pierre, deux coups !) ;
  • description : une page par personnage principal/une demi-page par personnages secondaires ;
  • développement du synopsis : vous passez d’une page à quatre ;
  • fiches personnages plus détaillées ;
  • découpage du roman en scènes : Excel, yWriter ou tout autre logiciel d’écriture/tableau est votre ami.
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Pour les étapes en long, en large et en travers, [EC] a fait ça beaucoup mieux que moi.


Vous tenez désormais toutes les clefs en main pour plancher sur vos synopsis, quels qu’ils soient. N’oubliez pas que dans l’un comme dans l’autre, la clarté est essentielle.


L'extrait de la quinzaine

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Ulita Black Baron n’avait jamais manqué de culot. Même en plein cœur de ce foutu merdier qu’était devenue l’Égypte britannique, elle s’imposait avec une classe naturelle. Le jour où elle s’était pointée seule, à la porte sud sur laquelle débouchait Road vers Abou Simbel, resterait à jamais marqué dans la mémoire de l’ancien capitaine.
— Si c’est pour un éventuel marché…, commença-t-il. 

Denis la considéra un instant. Il ne donnait pas plus de quarante ans à cette force de la nature. Elle pinçait presque les lèvres et le fixait avec autorité. Aucune marque de sympathie ne peignait ses traits. Elle n’était vraisemblablement pas là pour se faire des amis. 

— Je vais aller botter le cul du gouvernement et j’ai besoin de soutien, déclara Ulita sans se laisser démonter. 

Denis eut un petit rire moqueur. 

— Vous espérez vraiment atteindre le canal de Suez ou vous comptez faire ça à distance ? 

— Je me déplacerai, évidemment. Peu importera le nombre de personnes qui crèveront en chemin, moi, j’y arriverai. Vous êtes avec nous… ou contre nous ? 

— J’ai quoi en échange ? 

— Une garagiste aux doigts d’or, répondit Ulita en agitant les doigts devant elle. 

— Vous vous la pétez toujours comme ça ? 

— Avec nous ou contre nous ? 

Son ton se durcit. L’heure n’était plus à la plaisanterie, mais concernait bel et bien une alliance. Les Découpeurs n’avaient pas forcément besoin d’un coup de pouce pour garder le contrôle de Road, mais s’ils envisageaient l’étape supérieure, à savoir asseoir leur puissance en évinçant le gouvernement britannique, il s’avérait peut-être judicieux de reconsidérer l’offre de la demoiselle. 
Denis opina du chef. 
— Combien de temps pour y réfléchir ? questionna-t-il. 

— J’attends votre réponse demain, à la tombée de la nuit. Rendez-vous devant le temple d’Abou Simbel pour conclure un marché autour d’un verre ; ce sera ma tournée. 

Vraiment, la classe de bout en bout. Tout, chez cette femme, forçait le respect, de son caractère bien trempé à ses idéaux. Elle nourrissait des espoirs à la hauteur des espérances de Denis, raison pour laquelle il pèserait sérieusement le pour et le contre de l’association qu’elle proposait. De prime abord, les Découpeurs n’avaient rien à perdre dans l’histoire, hormis leur indépendance. Il avait fallu longtemps à Denis et les siens pour s’imposer sur Road. Contrairement à la croyance populaire, la vie à l’intérieur des remparts ne ressemblait pas à un long fleuve tranquille, parfois ponctué d’offensives britanniques pour tenter de reprendre le contrôle. Nul ne connaissait mieux Road que lui et ses hommes. Personne. 
Denis regarda sa visiteuse repartir, puis disparaître dans la poussière du désert, en direction du grand temple de Ramsès II. 
— Hum, fit une voix derrière lui. 

Il pivota sur ses talons avec une certaine lassitude. Uland Mauntell avait le don de réduire à néant de beaux efforts consistant à instaurer un minimum de bonne humeur dans cette existence morne. Il roulait la pointe de sa moustache en guettant la réaction de Denis. 

— Des suggestions ? soupira-t-il en ouvrant la marche vers les remparts. 

— Suivez cette femme et vous mettrez un pied dans une sacrée mélasse. 

Denis haussa les épaules. 

— On a déjà les deux pieds dedans, répliqua-t-il.

Un peu d'Alestorm pour la route ?


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