lundi 13 février 2017

J'écris mon roman en 5 mois - partie 3.2 : LES FICHES-PERSONNAGES

Les fiches-personnages seront votre premier vrai rendez-vous avec vos persos : physique, caractère, habitudes, histoire... La conception des personnages est un passage obligé, tant pour les construire, eux, que pour tisser votre intrigue autour.



À ce niveau, la méthode du flocon est plutôt concise, rapide et efficace, mais je préfère toujours bien creuser les personnages, quitte à ce que certaines informations ne me servent à rien.

Le personnage, ce qu'il représente et ses actes

Qu'est-ce qu'un bon personnage ?

Je n'ai pas la prétention de dire que je sais ce qu'est un bon personnage, mais je peux au moins affirmer qu'il est/sera unique. Si vous pompez la moitié de ses caractéristiques à un autre déjà existant parce que vous trouvez que ça colle bien, soit ça se sentira à un moment donné, soit ledit perso vous échappera totalement, car pas vraiment créé par vous (en plus, il serait malhonnête de piquer ailleurs ce que vous êtes capable de concevoir).
Un bon personnage sera gentil, méchant, rusé, effronté, espiègle, vantard, facétieux, complexe, drôle, antipathique, rustre, cultivé...
À celles et ceux qui, pour distinguer le "gentil" du "méchant", sachez que parfois, il n'y a ni l'un ni l'autre. Pas vraiment. Ce qui nous amène au point suivant.

Le Bien et le Mal

Un classique, n'est-ce pas ? Tant que l'on pourrait mettre un C majuscule. Le Bien et le Mal, l'opposition parfaite, celle qui tranche d'avance pour l'auteur et pour le lecteur. Eh bien, il arrive qu'il n'y ait pas de camp des gentils ni de camp des méchants, certains personnages étant persuadés d'œuvrer pour le bien de tous, alors qu'ils se plantent royalement. Ils n'ont pas un mauvais fond, mais constituent des antagonistes de choix. Complexes, indécis, réticents ; leurs réactions sont plus inattendues que celles d'un gentil ou d'un méchant à part entière. Dans la vie, rien n'est tout noir ou tout blanc. Dans votre texte, c'est exactement pareil. Pensez multiplicité des enjeux, des objectifs et rendez ainsi la lutte plus savoureuse encore. Ajoutez des questionnements, des changements de dernière minute, mais toujours réfléchis. Attention à ne pas en profiter pour faire n'importe quoi ; votre perso suivra malgré tout une logique que le lecteur devra saisir. Son identité entre ainsi en ligne de compte. Elle est lui, il est elle et celle-ci le forge d'une certaine manière.

L'identité

Nom, prénom, âge, sexe, mais aussi que représente le personnage pour lui/les autres ? Un génie, un boulet, un emmerdeur, un monstre (d'égoïsme ou pas), un amant, un pervers, un mauvais perdant... La liste est très, très longue et vous pouvez piocher dedans à loisir. Comme dit au paragraphe précédent, les persos tout blancs ont le droit de posséder une part d'ombre et vice-versa. Un méchant qui ferait preuve d'humanité, qui respecterait les règles de la bienséance ? Mais oui !
La prise de position des personnages impliquera leur identité : enfant abandonné, enfant porteur d'un gène particulier, fils/fille de roi, demi-dieu, être réincarné... Il existe tout un cheminement qui amènera votre héros/anti-héros/antagoniste du point A au point Z et n'hésitez pas à le faire passer par toutes les lettres de l'alphabet si besoin est. Mais si je prône le personnage multiple, complexe, torturé, évitez néanmoins d'en faire des tonnes ou de multiplier les personnalités (il n'existe pas de meilleur moyen pour perdre le lecteur et l'empêcher de s'attacher).

La crise identitaire

Personnellement, j'appelle le point souligné au-dessus la crise identitaire. Le perso peut la vivre tout seul comme un grand (il hésite, par exemple, ou la force des choses le pousse à commettre des actes dont il ne se serait jamais cru capable). Autre possibilité : c'est l'auteur qui encaisse et là, ça devient plus compliqué.
On ne sait pas toujours où on veut aller, où on veut mener nos personnages et on ignore si certains s'émanciperont. Bien que tout prévoir soit la méthode la plus à même d'éviter ceci, nous ne sommes pas à l'abri d'un changement. Parce que si nos êtres fictifs évoluent, nous aussi, et il s'écoule parfois du temps entre l'écriture d'un début, celui d'une fin ou d'une correction.
La crise identitaire n'est pas forcément une mauvaise chose. Au contraire, elle permet d'apprendre à s'écouter, à réfléchir sur ce qui nous convainc dans une idée et l'on sait tous qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Sans dire qu'il est primordial que vos personnages se libèrent de votre plume, en quelque sorte, il me paraît intéressant de les affranchir à un moment ou à un autre. La spontanéité, ça a parfois du bon et tous les actes, toutes les décisions ne sont pas programmables à l'avance. Tant que vous ne tripatouillez pas aux origines ou aux bases de vos persos toutes les cinq pages, vous devriez réussir à gérer.

Les origines

Parlons-en, justement ! Pas au sens strict du terme (enfin, si, mais ce serait foutrement plus intéressant de ne pas se limiter à ça).
Ceci est un vaste sujet : racines de loup-garou, vie antérieure, cas de possession, entité/parasite intelligent(e)... Ne liez pas forcément vos personnages à la terre ; les sans attaches, c'est bien aussi. L'importance que vous leur donnez, le rôle que vous leur attribuez, la manière dont leurs portraits se dessinent dans votre tête sont autant d'aspects de leurs origines. Leur mémoire est un outil indispensable qui vous permettra de raccorder certains wagons, de légitimer certains choix. Les origines sont ce qui construira vos persos, qui les rendra plus forts, les affaiblira ou les troublera. Elles nourriront leur but et lui donneront un sens.

Le but

Il doit correspondre au perso, ne pas jaillir de nulle part, ne pas être trop compliqué à atteindre ni trop simple. Posez des enjeux, intéressants, c'est mieux. Confrontez votre panoplie de personnages à ses peurs, à ses espoirs (quand la réalité leur revient en pleine figure), à sa nature, à ses secrets... Gardez son évolution à l'esprit, car elle découlera de son/ses objectif(s) et des moyens employés – tant par vous, l'auteur, que par le perso en question – pour y parvenir.
Une certaine cohérence entre vous et vos marionnettes de papier doit subsister, quand bien même certaines d'entre elles s'émanciperaient (on y reviendra dans le prochain article, sorte de grosse parenthèse). Ne sortez pas des péripéties de votre chapeau.


Les actes

Passés ou à venir, ils résultent d'une prise de décision qui correspondra au caractère/à la nature des personnages (un(e) lâche qui fuirait devant le danger, fidèle à lui/elle-même ou qui se surpasserait ?). Ils incluront des conséquences (un pessimiste qui prendrait tout par-dessus la jambe parce que le destin a une dent contre lui ?)...
Les actes constituent le plus gros d'un texte. Négliger leur façon de s'imbriquer, de se compléter nuirait à sa cohésion. Néanmoins, l'homogénéité n'implique pas une constante d'un bout à l'autre du récit. Des moments forts sont requis.


Pour conclure, pensez variété avec des personnages de couleur (en évitant les clichés de qualification, merci), excentriques... N'hésitons pas à casser quelques codes !


Voici quelques fiches prêtes à remplir que je vous invite à imprimer (il y a encore deux, trois petites choses plus bas).













À noter que parmi les types de personnages, nous trouvons aussi : le petit peuple, les démons, les parasites intelligents, les dragons, les nymphes, les sirènes, les djinns, les golems, les centaures, les minotaures, les incubes/succubes, les génies, les zombies...

Pour aller plus loin, je vous laisse avec deux articles de 2015 :


Le personnage et ce qu'il implique

L'intérêt d'une intrigue secondaire

Quand pointent les idées relatives à vos personnages et notamment les péripéties qui les concerneront, interrogez-vous sur l'intérêt de celles-ci. Ne vont-elles pas desservir l'ensemble du texte ? Destituer le personnage principal de son statut (par une source d'attachement ou d'empathie plus importante chez un autre, par exemple) ? Complexifier inutilement votre histoire ?
Ces intrigues servent-elles une action à venir ou justifient-elles une action passée ? Posent-elles de nouveaux enjeux ? Rapprochent-elles certains personnages ou, au contraire, les séparent-elles ?
Il y a tout un cheminement de cause à effet à établir avant de décider si une péripétie secondaire apporte vraiment une plus-value à votre intrigue générale. Ne négligez pas cette étape. Non seulement, elle vous apprendra à mieux cerner vos personnages (les gentils, les méchants, les entre-deux) et à ne pas écrire pour ne rien dire. Perdre le lecteur en flashbacks et autres précisions inutiles ne rendra pas service à votre texte. N'oubliez pas que chaque détail compte.
C'est le moment de sortir les fiches réalisées dans l'article précédent.


Vers un résumé fidèle à chaque personnage

La méthode du flocon conseille d'écrire d'abord un résumé global, puis de l'étirer en quatre pages. Personnellement, j'ai choisi de rédiger les résumés de mes personnages avant et de voir ensuite ce que ça donnait.
Première raison : le synopsis en quatre pages, c'est bien, c'est une moyenne, mais puisque l'on parle de syno de travail, rien ne nous empêche d'en écrire dix, avec toute la masse de détails que ça implique. Je ne vous cache pas que pour réduire afin d'obtenir un syno de soumission, ce sera un peu plus galère, mais je pense que vous ne serez plus à un effort près.
Deuxième raison : j'ai besoin de voir mes personnages à l'action avant de pouvoir développer quoi que ce soit. Une fois que je sais où ils vont, quand, comment et ce qu'ils font, je n'ai plus qu'à imbriquer tous ces éléments de manière logique et fluide.
Troisième raison : je trouve plus aisé de mêler les sous-péripéties pour construire l'intrigue générale que de découper celle-ci par personnages pour ensuite tout re-développer pour chacun d'eux. Concernant le Projet Plume, j'ai gagné beaucoup de temps en essayant cette méthode.

Le QQOQCP

(Un clic pour agrandir l'image)



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