lundi 10 avril 2017

J'écris mon roman en 5 mois - PARTIE 5.1 : ARCHITECTE OU JARDINIER ?

Plutôt du genre à semer des petites graines en voyant ce qui poussera ou à tout planifier, anticipant un maximum de difficultés ou ça dépend des jours ?



Être architecte ou jardinier, là n'est pas vraiment la question, mais plutôt de savoir quels atouts vous apportez à l'une ou à l'autre méthode. Surtout, vous correspond-t-elle ? Correspond-t-elle à votre texte ?
Là où le jardinier laissera une idée de base prendre de l'ampleur, se complexifier, un architecte prévoira tout, de la situation initiale au dénouement : péripéties, scènes, description des lieux, tout y passe, parfois à la page près.
Aujourd'hui, plutôt que de nous pencher sur les points positifs et négatifs de chaque procédé, nous allons voir comment ils impactent notre manière d'écrire.

(Un clic pour agrandir !)

L'architecte

L'architecte planifie tout. Il rédige un synopsis de travail, liste les scènes qu'il juge importantes, anticipe la description des lieux clefs et des personnages. La technique sera plus ou moins complète selon l'auteur, mais disons qu'à part la liste des scènes, la méthode du flocon entière y passe.
  • Planifier à la page près ?
Ça s'est déjà vu (et ça se verra encore) : la planification à la page près. Est-on réellement capable de prévoir combien de mots/pages/sec prendra une scène ? Peut-on, en somme, prévoir l'imprévisible ? Nul n'est à l'abri d'un personnage qui n'en fait qu'à sa tête, qui emprunte un chemin de traverse, comme je le disais sur le blog, la semaine dernière. Peut-on donc vraiment planifier à la page près ? Est-ce que la version complète correspondra aux étapes du synopsis de travail ?
Perfectionnisme ou simple souhait de l'auteur, la planification dans le détail n'est-elle pas un peu en décalage avec l'esprit de l'écriture ? Oui et non, car les éléments d'un texte sont plus ou moins libres et susceptibles de lâcher le "noyau central" à n'importe quel moment. Néanmoins, chaque auteur a sa méthode et s'il éprouve le besoin d'avancer en terrain connu, libre à lui.
L'écriture n'est pas une science exacte et n'importe quel roman (votre prochain, allez savoir) peut nécessiter une planification minutieuse.
  • Tout prévoir est-il un frein à la créativité ?
Sans prévoir à la page près, il est parfois très utile de "calibrer" son texte, ne serait-ce que pour retrouver une information ou pour gérer beaucoup de personnages.
Personnellement, je trouve que prévoir ce que fera tel perso à tel moment, c'est déjà l'imaginer. Pour moi, ça reste une forme de créativité, avec un gros filet, mais de la créativité quand même. Il ne faut pas oublier qu'elle n'est pas forcément synonyme d'improvisation.

Le jardinier

Le jardinier sème des graines et voit ce qu'il peut en tirer. Il n'est pas fainéant, mais préfère juste que personnages et situations le surprennent.
  • Écrire en mode jardinier n'est-ce pas se compliquer la tâche ?
Encore une fois, oui et non. Le jardinier anticipera moins que l'architecte et rebondira plutôt sur les imprévus. C'est une expérience très enrichissante, qui permet d'évaluer ses limites et de tester ses capacités à adapter une idée nouvelle selon le contexte. Ça paraît plus compliqué, mais imaginer l'intrigue avant ou pendant, c'est du pareil au même pour moi. (Je jongle régulièrement entre les deux méthodes.) Le jardinier improvise et l'architecte anticipe des réactions/situations.
  • Écrire en "jardinier" n'est-ce pas non plus ouvrir la porte à un trop-plein d'idées ?
Le choix des idées et de leur harmonie entre elles revient quasi exclusivement à l'auteur. ("Quasi", car il y a toujours cette part d'émancipation potentielle des personnages.) Pour cette raison, il est primordial de faire un tri et parfois des tests. Il n'est pas rare de voir un texte court devenir plus long, des personnages qui prennent plus de place que prévu, des scènes qui triplent de volume entre le synopsis de travail et la phase d'écriture.
Écrire en "jardinier" n'est donc pas la porte à un trop-plein d'idées, car l'architecte n'est jamais à l'abri d'un retournement de situation, même pendant les corrections !
Écrire en "jardinier" revient un peu à laisser libre cours à la vie de ses personnages, comme la vraie vie, en fin de compte, même si l'auteur l'encadre plus ou moins.

L'une ou l'autre de ces méthodes nécessitera de toute façon un plan : avant ou pendant, mais à un moment, il faudra bien élaborer un semblant de fil rouge pour ne pas écrire un texte décousu de sens. (Admirez le jeu de mots entre "fil" et "décousu".) Par ailleurs, les jardiniers peuvent cultiver leur architecture et les architectes élaborer leur jardin. En écriture, rien n'est jamais gravé dans la roche et vous entendrez régulièrement dire de certains auteurs qu'ils sont un peu les deux ou que ça dépend de l'humeur, de l'état d'esprit, du texte ou de l'envie de se laisser surprendre.

Je vous laisse avec la vidéo qui résume cet article. (Oui, il y a une faute à "architecte", mais je l'ai laissée parce que j'aime bien, finalement.) Si vous souhaitez découvrir la suivante avant les autres, pensez à vous inscrire à la newsletter.




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